La maltraitance banalisée, c'est quoi ?

La maltraitance banalisée, c'est quoi ?

Encore trop méconnue, on a l’habitude de parler de la maltraitance animale à travers des sujets évidents : les abattoirs et leurs conditions, les élevages intensifs, les abandons incessants, les coups, blessures, tortures, le gavage d'oies, les laboratoires pharmaceutiques qui testent encore sur les animaux, les zoos et les parcs aquatiques, les chevaux de calèche touristiques, etc.
Et bien que la maltraitance active soit de plus en plus dénoncée et diffusée (et tant mieux !), la violence passive reste, elle, méconnue, trop fréquente et reçoit très peu de sensibilisation… Comment dire, mmmh 🧐? Elle est totalement banalisée.

J’écris donc cet article sur la maltraitance banalisée, afin de susciter, je l’espère, réflexion et sensibilisation. Si vous vous sentez pointé du doigt, ne vous affolez pas et remettez-vous doucement en question. 😉 Cependant, si vous êtes arrivé ici en cherchant des informations sur le bien-être animal et en parcourant les articles de blog de notre boutique engagée, je ne m'inquiète pas trop... c’est probablement parce que vous faites partie de celles et ceux qui souhaitent renforcer et approfondir leur lien avec leurs animaux.

En général, nous, lecteurs et clients d'Animaux d'Aventure, ne sommes pas les auteurs de cette maltraitance « ordinaire » : au contraire, elle nous indigne, car nous nous considérons souvent comme parents de nous boules de poils adorées !! (Belle est totalement ma chienne biologique, c'est une évidence !🤭) Pourtant, il est important de rappeler que ce phénomène nous concerne toutes et tous, d’une manière ou d’une autre.

👉 Rappelons aussi que l’éducation d’un animal, ainsi que son dressage, ne justifie pas la violence ! Ce sont des choses dont nous sommes fréquemment témoins : un maître qui hurle dans la rue, un chien qui reçoit un coup de sandale sur l’arrière-train, un cheval largement trop bridé… violence souvent justifiée par le terme "éducation" ou "performance" !!


J’en suis horrifiée à chaque fois, et je me sens totalement impuissante face à ces situations. C’est d’ailleurs aussi de là qu’est née cette belle aventure de boutique engagée !


Exemples concrets de maltraitance banalisée

Environnement émotionnel & physique :

  • Crier, secouer, donner une tape ou frapper son animal (à la main ou avec une claquette par exemple) pour « corriger ».

  • Sous-alimenter ou suralimenter son chien (l’un est aussi grave que l’autre).

  • Empêcher ou interrompre le sommeil de son chien.

  • Ignorer volontairement (ou non) les signaux de détresse, de douleur, de peur ou de fatigue (il faut apprendre à les reconnaître).

  • Teindre son animal !

  • Ignorer ou banaliser l’agressivité de son chien : « il veut juste jouer », « il n’est pas méchant, juste un peu brutus »… Cela peut faire subir à d’autres chiens une forme de maltraitance. (Souvent, les chiens agressifs sont eux-mêmes maltraités et mal dans leur tête.)

  • Boire près de son chien : l’alcool a une odeur très puissante, perçue de façon amplifiée par l’odorat hypersensible du chien. Pour lui, c’est intrusif et désagréable. De plus, un humain qui boit peut rire plus fort, perdre en coordination, être brusque ou imprévisible. Tout cela peut générer stress, peur ou confusion chez l’animal. Sans compter les maladresses : verre renversé, porte laissée ouverte, ingestion de produits dangereux… Même si l’intention n’est pas de nuire, le ressenti du chien est tout autre.

  • Fumer près de son chien : outre les risques de maladies, la fumée est nocive pour ses poumons, plus petits que les nôtres. L’odeur du tabac s’imprègne dans son pelage qu’il lèche ensuite pour s’en débarrasser, ingérant ainsi des substances toxiques. L’odorat de nos chiens et chats étant extrêmement développé, la fumée est agressive et inconfortable. Ce qui est anodin pour nous devient une source de stress et de mal-être pour eux.

Accessoires :

  • Utiliser des accessoires coercitifs comme le collier électrique, étrangleur ou anti-aboiement (c’est à mes yeux la première source évidente de maltraitance). Il n’y a aucun apprentissage, si ce n’est que le chien arrête son comportement par pure soumission et peur. L’auteur se place alors en « maître dominant », mais pour quel résultat ? Et surtout, quel lien par la suite ?

  • La laisse enrouleur peut, dans certaines situations et pour certains chiens, être une source de maltraitance banalisée. Imaginez : vous marchez avec une sensation de liberté, l’espace devant vous… puis soudain, un arrêt brutal vous coupe net. Oui, parfois, c’est justifié (par exemple, une voiture arrive). Mais si cela se reproduit encore et encore, la tension imprévisible génère frustration et incompréhension. Pour le chien, c’est comme vivre avec des feux rouges et verts qui s’allument sans logique. À la longue, cela altère son équilibre mental. → C’est pour cette raison qu’Animaux d’Aventure ne vend, et ne vendra jamais, de laisses enrouleurs. Nous privilégions les longes de 5, 10 ou 15 m.

Punitions & privations :

  • Utiliser des punitions violentes comme seule méthode d’éducation.

  • Priver volontairement de nourriture ou d’eau pour « éduquer ».

  • Priver son animal de confort (pas d’abri, le laisser au froid, sous la pluie, en plein soleil, ou sur un carrelage sans coussin ni accès au canapé).

Enfermement :

  • Enfermer les chiens en cage durant des heures pour « éviter qu’ils détruisent » ou « fassent leurs besoins partout », sans analyser la raison psychologique ou physique de la destruction ou de l’incontinence.

  • Laisser un chien enfermé à l’intérieur plus de 6–8h+ sans possibilité de se soulager.

  • Enfermer un chien seul dans le jardin, sans activité, parfois nuit et jour, par tous les temps (souvent le sort des chiens dits « de garde » ou « de dissuasion »).

  • Enfermer un chiot seul dans le salon, peu importe qu’il pleure, à son arrivée dans le foyer. (Un article est en cours à ce sujet).

  • Laisser des enfants exercer une violence inconsciente (ou consciente) sur les animaux : couper les moustaches — en réalité des vibrisses essentielles, qui ne repoussent jamais — tirer la queue, mettre les doigts dans les yeux, narines, bouche, frapper ou lancer des jouets dessus.

Balades :

  • Ne proposer aucune autre activité à son chien que la balade (manque de stimulation mentale, sociale, masticatoire).

  • Ne balader son chien qu’en laisse courte (1,20 m/1,50 m), sans jamais lui offrir de liberté (longe ou totale).

  • Ne pas respecter ses besoins naturels et instinctifs : renifler, marquer (chien) ; grimper, bondir, chasser, griffer (chat) ; vivre en troupeau, brouter et se déplacer librement (cheval).

  • Promener son chien en laisse si courte qu’il ne peut pas poser son museau au sol.

  • Ne jamais sortir son chien.

  • Se promener casque sur les oreilles, yeux rivés sur le téléphone, en tirant son chien sans respecter ses envies de renifler, marquer, explorer. (C’est OK d’écouter son podcast pendant qu’on sort son chien, mais il faut aussi rester attentif à ses besoins et ses envies à lui).

  • Promener son chien uniquement en poussette, en sac ou dans les bras, sans jamais lui permettre de marcher. Un petit chien reste un chien.

  • Donner puis retirer la gamelle sous ses yeux pour « avoir un meilleur contrôle sur lui ».

Social :

  • Obliger son animal à recevoir des caresses (de soi, d’amis ou d’étrangers), en ignorant ses signaux de non-consentement.

  • Ne pas aider son chien dans des situations sociales difficiles (ne pas reconnaître les signaux de détresse ou d’agressivité). Certains chiens, voire chiots, peuvent être harcelés ou prédatés par leurs congénères sous nos yeux, sans que nous ne nous en rendions compte.



Beaucoup de maîtres ne se considèrent pas comme maltraitants. Pourtant, certains gestes du quotidien — faits par habitude, par ignorance ou par négligence — traduisent une réalité bien différente.

Que faire ? 
C’est à nous, propriétaires et parents d’animaux, de nous remettre en question : interroger nos méthodes d’éducation, nos intentions, apprendre le langage canin, regarder en face notre quotidien… Sommes-nous bienveillants de A à Z avec nos boules de poils ? Leur permettons-nous d’être de vrais chiens, sans tomber dans un anthropomorphisme excessif ? Respectons-nous leurs besoins éthologiques ? Leurs interactions sociales sont-elles saines, avec les humains comme avec d'autres animaux ?

Cette remise en question transforme non seulement notre lien avec nos animaux, mais aussi celui que nous avons avec nous-mêmes.

La bienveillance envers l’autre, c’est aussi de la bienveillance envers soi. 💛

Le plus important reste de croire que le changement est possible — et qu’il est déjà en cours. Le monde se réveille, peu à peu, à la réalité de la maltraitance animale. La prise de conscience est lente, mais le simple fait que vous lisiez cet article montre que nous sommes sur la bonne voie. Continuons à sensibiliser, à dénoncer la maltraitance banalisée, sur nos réseaux, dans nos conversations, dans nos débats !

👉 Le changement est déjà là ! La preuve : la plupart de nos chiens ne dorment plus dans le garage, et ne pleurent plus seuls dans le salon.

Retour au blog

Je souhaite laisser un commentaire, une astuce ou mon avis

On adore vos commentaires, tellement qu'on les lit avant tout le monde, puis on les valide ! Merci de votre compréhension.